Des métiers pas tout a fait comme les autres


La fosse
Le chevalet
La machine d'extraction
Le bâtiment d'extraxion
La mise a terril
La salle des compresseurs et des ventillateurs
La lampisterie
Le magasin
Le lavabo
L'atelier
Le parc a bois
Les bureaux
Le puits
La salle des pompes ou l'albraque
Le fond
Le temps des chevaux
Le garage des locos
Les bowettes
Les quartiers d'exploitation

 

Les conditions de travail tres particulieres du mineur ont fait que tres tôt ce métier a été considéré comme "un métier a part".
Cette particularité tient d'abord au fait que les professionnels de la mine étaient rassemblés dans d'énormes établissements industriels, basés sur l'exploitation d'une seule ressource, mais qui devenaient rapidement les plus gros générateurs d'emplois.

L'originalité de ce métier tient également, et surtout, aux conditions de travail tres particulieres liées a la profondeur, a l'obscurité, a la poussiere, au manque de place, a l'humidité, au grisou et a la conscience constante du danger.

Tous les témoignages, gravures ou récits datant du siecle dernier ou du début du 20eme siecle présentent le meme tableau de la mine : c'est l'enfer, on risque sa vie a chaque instant, mais en meme temps on a conscience et on est fier de faire un travail exceptionnel et surtout les dangers de cet univers ont développé un esprit de solidarité exceptionnel.

De plus, le travail au fond a exigé des ouvriers et des cadres certaines qualités qui sont le résultat d'un processus assez long, visant a former une main-d'ouvre industrielle appropriée ; ces qualités sont la discipline dans le travail, le respect des chefs et en particulier des porions et chefs-porions, l'assiduité et le respect des horaires, l'effort de productivité sans cesse accru.

D'autre part, le travail a la mine a entraîné des contraintes pour la famille du mineur et exigé de celle-ci qu'elle adopte un genre de vie dicté quasiment par la Compagnie.


C'est le cour meme de l'entreprise. Les mineurs entre eux n'utilisent pas l'expression "travailler a la mine" mais "descendre a la fosse".
Quelle que soit son ancienneté et les innovations dont elle a bénéficié, la fosse est tres facilement repérable par la disposition et le volume de ses installations. Au jour, on peut apercevoir successivement, sur ce qu'on appelle "le carreau":



C'est lui qu'on aperçoit tout d'abord de loin. Il émerge de l'ensemble des bâtiments et il est le témoin d'une activité souterraine intense. C'est une haute tour formée d'un assemblage de poutres métalliques (autrefois en bois) et coiffant le puits de mine. Il supporte les molettes (grandes poulies, parfois de plusieurs metres de diametre) qui servent a guider les câbles partant de la machine d'extraction jusqu'aux cages dans le puits.



C'est un puissant treuil servant a la remonte et a la descente des cages. Il est actionné par un moteur électrique de 1000 CV (autrefois a vapeur) et muni soit de grandes molettes pour les câbles plats, soit de tambours bi-cylindres coniques pour les câbles ronds, tambours sur lesquels s'enroulent ces câbles. La machine d'extraction munie de systemes de sécurité (évite-molettes etc...) est manouvrée par un mécanicien en relation avec les encageurs du jour et du fond par un systeme de signaux sonores et lumineux. Ce mécanicien a une tres grande responsabilité.



II entoure le puits et comprend trois niveaux :
- le moulinage (au niveau supérieur) ou les berlines circulent sur des voies, les vides pour etre encagées, les pleines sortant des cages pour etre dirigées vers les culbuteurs. Toutes ces manouvres sont automatisées, mais pendant longtemps c'étaient les ouvriers qui manouvraient les berlines.
C'est au moulinage que regne une tres grande animation aussi bien lors de la descente que de la remonte des mineurs.
- le clichage (au niveau du sol). La cage peut s'y arreter pour l'encagement ou le décagement des berlines et des trucks de matériel.
- le criblage (ou triage) au niveau intermédiaire. Le charbon brut provenant des culbuteurs est transporté sur des convoyeurs a bande. Les plus grosses pierres sont enlevées. Ce travail a longtemps été exécuté par déjeunes trieuses. Le charbon passe ensuite sur des cribles ou les différentes qualités de charbon sont séparées suivant leur granulométrie : les fines, les "noisettes", les "tetes de moineaux", les "gaillettes" etc...

A l'extrémité de la chaîne, les différents charbons vont emplir les wagons a l'étage inférieur, au niveau du sol ; les wagons circulant sur des voies de chemin de fer et tractés par des locomotives a vapeur, ou a moteur diesel, sont dirigés vers le quai de vente ou, le plus souvent, vers les lavoirs, ou la qualité du charbon est encore améliorée avant que celui-ci ne soit commercialisé.



Les terres provenant du triage sont chargées en berlines, expédiées avec celles de terres remontant directement du fond vers le terril, et tractées par un cheval ou par un câble de halage. Parfois c'est un convoyeur a bande qui transporte ces terres.
Les stériles sont chargés au pied du terril dans des wagonnets spéciaux. Ceux-ci sont haies au sommet du terril sur une voie montant a 25 degrés et ensuite culbutés automatiquement.
Ces terres formeront les terrils coniques que l'on aperçoit également du loin. Renfermant des terres plus ou moins charbonneuses, certains bruleront quelques temps en dégageant des vapeurs, et l'intérieur se transformera en belles terres rouges.



Des la fin du 19eme siecle l'usage d'engins pneumatiques (marteau-perforateur, marteau-piqueur, moteur) va remplacer peu a peu la batrouille, le perforateur manuel, le pic, la rivelaine, les treuils et les pompes a mains ou actionnées par des chevaux.
De puissants compresseurs électriques seront donc construits et, dans la meme salle, des ventilateurs aspirants seront installés pour l'aérage des galeries souterraines, ventilateurs dont on entend au jour le refoulement continu et dont les cheminées d'expiration rejettent un air chargé de poussieres et de vapeurs.
Des le début de l'exploitation, l'aérage se faisait par un seul puits divisé en deux verticalement par une cloison. On se servait uniquement de l'aérage naturel parfois activé par un foyer au jour, pres du puits.
Les chantiers devenant de plus en plus profonds et de plus en plus éloignés du puits, la ventilation a été réalisée a l'aide d'un puissant ventilateur au jour, ce qui a nécessité le creusement juxtaposé de deux puits, dont l'un servait a l'extraction et d'entrée d'air et l'autre au retour d'air. Ce dernier, au début, n'était pas équipé d'un chevalet et d'une machine d'extraction, meme si ceux-ci ont été prévus au moment de la construction. Par la suite les deux puits ont servi pour l'extraction.



Toutes les lampes, qu'elles soient portatives, a flamme, électrique, ou lampes au chapeau, sont numérotées et disposées sur des bancs, sortes de tablettes ou les lampes électriques sont mises en charge.
Les lampes portatives sont distribuées aux guichets contre remise d'un jeton (pion numéroté) par les lampistes, la plupart du temps des jeunes filles, tandis que pour les lampes-chapeau, il existe un self-service.
Les jetons permettent le pointage par le Chef Lampiste, puis le contrôle de remonte des mineurs.



Ou sont entreposés les fournitures diverses, outils neufs, pieces de rechange etc...



Le lavabo des ouvriers est une immense salle, appelée "salle des pendus" ou les vetements sont suspendus, a plusieurs metres de hauteur, a des crochets qui peuvent etre descendus ou remontés a l'aide de cordes, ou de chaînettes passant sur des poulies et cadenassées. Ils sont tenus ainsi a l'abri des projections d'eau et des vols, et les vetements mouillés peuvent sécher.



Des ouvriers spécialisés sont occupés a la réparation et a l'entretien du matériel du fond et du jour.
Un de ces ateliers est appelé "la baraque a outils" ou le mineur, en remontant, dépose ses outils personnels numérotés : la hache pour y etre affutée, le pic et l'aiguille du marteau-piqueur pour y etre épointés.



Les bois arrivent par wagons complets en provenance d'autres régions et aussi de l'étranger. Ils sont empilés par catégories suivant leur longueur, leur diametre et leur essence et mis a sécher. Ils sont transportés ensuite sur des trucks vers les puits, au clichage, puis descendus, au poste de nuit, vers les différents quartiers de la fosse.
Apres la 2eme Guerre Mondiale, par suite de l'utilisation du soutenement métallique, les parcs a bois ont diminué énormément d'importance.



Ils comprennent :
- le bureau de l'ingénieur, chef de siege et celui de son adjoint.
- les bureaux des responsables des travaux du fond : les porions, le chef-porion, les géometres.
- les bureaux des services du jour : les employés administratifs, le chef de carreau, le chef d'atelier, le magasinier.
- le bureau du délégué a la sécurité (délégué syndical).
Il y a aussi l'infirmerie ou sont donnés les premiers soins aux blessés.



Avant d'équiper le puits, il y a d'abord le fonçage qu'on appelle "le raval". La traversée des morts terrains, avant la rencontre du terrain houiller, principalement les bancs de craie tres perméables et imprégnés d'eau, a nécessité la mise en place d'un cuvelage formé d'anneaux en fonte (les premiers cuvelages étaient en bois). Les terrains au pourtour étaient parfois gelés par injection de chlorure de sodium ou cimentés par injection de ciment, dans des sondages a partir du jour. Le raval se fait a l'explosif et les déblais sont remontés dans un cuffat, sorte de grand tonneau métallique. Le puits est maçonné ou bétonné au fur et a mesure de son creusement. Son diametre est de 3 m 50 a 5 metres et sa profondeur varie de 350 a 800 metres.
Le puits est ensuite équipé de guides en chene ou en rails vignoles de 35 kg/metre, fixés sur des moises horizontales scellées dans les parois du puits.
Les cages qui circulent dans le puits sont a 1, 2 ou 3 étages de 2 ou 4 berlines. Celles-ci pesent 280 kg et peuvent contenir 500 kg de charbon. Elles sont reliées a la machine d'extraction par un câble qui fut tout d'abord plat et en aloes (sorte de charniere) puis en acier, plat ou rond.
Les cages sont munies d'un systeme de sécurité appelé "parachute". Ce sont des griffes qui se resserrent contre le guidage, freinent et arretent la cage en cas de rupture du câble.
Les recettes du fond et du jour sont munies de taquets sur lesquels se pose la cage et qui peuvent s'effacer pendant la manouvre de la cage. Elles sont fermées par des barrieres de sécurité qui ne s'ouvrent que lorsque la cage arrive.
A l'intérieur de la fosse, un petit puits est parfois creusé, reliant deux étages différents. Ce puits intérieur est appelé "BURE" ou "BEURTIAT".
Les cages sont soit a quatre étages (quatre berlines par étage) soit a deux étages (deux berlines par étage).



L'exhaure permet d'évacuer l'eau provenant soit des terrains plus ou moins aquiferes, soit de la foration dans la roche, soit encore de l'injection d'eau dans le charbon ou de l'accrochage des déblais.
L'eau est d'abord évacuée des chantiers par de petites pompes a air comprimé (appelées popolito) qui refoulent l'eau dans une tuyauterie vers les puits, ou dans des karnets (petites rigoles creusées le long des galeries également jusqu'au puits).
L'eau est ensuite pompée, soit du fond du puits (bougnou), soit dans l'albraque (galeries creusées en aval, pres des puits et récupérant toutes les eaux de la fosse). Apres décantation, l'eau est refoulée par tuyauterie au jour, par de puissantes pompes électriques, sous la surveillance d'un pompier.



L'accrochage:
Aux abords du puits, a chaque étage, il existe un ensemble de galeries appelées : ACCROCHAGE. C'est une véritable gare ou arrivent, en provenance des quartiers d'exploitation parfois éloignés de plusieurs kilometres, les trains de berlines de charbon (et de terres) pour etre remontés au jour. Lors de l'engagement, celles-ci poussent les berlines vides de la cage qui, par un contour, reviennent dans la bowette (galerie principale) pour etre dirigées par trains, vers les quartiers.
L'écurie:
A l'accrochage existent également d'autres galeries de service: l'écurie ou sont parqués des dizaines de chevaux avant l'utilisation des locotracteurs et des convoyeurs a bande.
C'est ainsi qu'une notice de 1900 nous indique que la Compagnie possédait 275 chevaux dont 218 au fond et, au jour, 44 chevaux de trait et 13 chevaux pour les courses
de service.
Il y avait meme une ration type de 15 kg pour leur nourriture, composée de :
- 7 kg d'avoine,
- 3 kg d'orge,
- 3 kg de foin,
- 1 kg de paille,
- 1 kg de lentilles.
La litiere est faite de paille d'avoine, a raison de 2, 5 kg par jour et par cheval.



La force des chevaux a été la premiere énergie utilisée dans les Mines. Généralement ceux-ci descendaient dans les galeries a l'âge d'un an et bien souvent n'en remontaient qu'apres leur mort. La descente des chevaux était en effet une opération tres difficile.
Au 19eme siecle, a l'époque ou les ascenseurs n'existaient pas, un harnachement spécial fixé a un systeme de sangles permettait de les descendre au fond. Ils disposaient d'une écurie située au fond d'une galerie et faisaient l'objet de soins spéciaux. On soignait leurs yeux (qui souffraient généralement beaucoup de l'obscurité et des poussieres) au moins une fois par an. Le maréchal-ferrant prenait la mesure de leurs fers, tenait un registre des mensurations de chaque animal, et chaque fois que cela était nécessaire, réparait son harnachement ou lui forgeait de nouveaux fers.
Un maître d'écurie s'occupait de la nourriture et du harnachement des chevaux. Routiniers et expérimentés, ceux-ci avaient au fond des tâches bien précises. A chaque poste un enfant ou une jeune femme les prenait par la bride et les conduisait le long des galeries.
Avec l'habitude, les animaux étaient capables d'estimer le nombre de berlines accrochées derriere eux. Si, au lieu de douze berlines prévues, on en accrochait une treizieme, l'animal le percevait au démarrage (il semblait compter le nombre de cliquetis se produisant au départ des berlines) et refusait d'avancer.
Pendant huit heures, il arpentait ainsi les voies, tete baissée et encolure meurtrie. Sa durée de vie n'excédait guere une quinzaine d'années.
Au début du 20eme siecle, le machinisme a peu a peu remplacé les animaux de trait. Désormais, les locotracteurs allaient soulager les betes de leurs dures tâches et assurer avec régularité le transport des hommes et du charbon le long des galeries.



Les locomotives ont remplacé petit a petit les chevaux, mais la ou il fallait cinq chevaux, une locomotive suffit. Ce fut d'abord les locomoteurs a air comprimé, électriques, a accus, puis des locotracteurs diesel. En fin de poste, ils sont garés dans un garage aménagé ou un mécanicien est chargé de leur entretien et de faire le plein de gasoil avant leur départ.



Ce sont les galeries principales, partant du puits, a des niveaux différents et recoupant les terrains (les rocs, les querelles, les passées charbonneuses, a la recherche des veines de charbon a exploiter. Ces veines sont baptisées, soit du nom d'un Saint: Saint Jean, Saint Léon, soit d'un autre nom: Bienvenue, 1ere veine de Raval, soit d'une lettre: veine A, B ..., soit d'un numéro: veine 1, 2...).



L'exploitation d'une veine de charbon se fait dans ce que l'on appelle un quartier d'exploitation (sous les ordres et la responsabilité d'un porion).
Dans une fosse, il y a plusieurs quartiers, soit dans une meme veine, soit dans des veines différentes.
L'ensemble des quartiers, des porions est sous les ordres du chef-porion (familierement appelé "ch'maît").
Avant l'abattage proprement-dit du charbon, il faut creuser a des niveaux différents des galeries appelées "voies de fond", transversales, plans inclinés montants (treuils) ou descendants (descenderies). Les galeries sont creusées avec une hauteur de 2m a 2,5m pour faciliter la circulation et l'aérage. La hauteur des veines étant en général insuffisante ( 1, 2m en moyenne), il faut creuser plus ou moins dans la roche. Un montage est ensuite creusé (uniquement dans l'épaisseur de la veine), réunissant deux niveaux différents.
C'est a partir de ce montage que se fait l'extraction proprement-dite du charbon dans un chantier qu'on appelle "taille" sur une longueur variant entre 50 et 200 metres.
La méthode d'exploitation varie suivant l'épaisseur de la veine (0,50m a 2m et plus) et de son inclinaison (0 a 90 degrés) ainsi que du matériel utilisé.